En apprenant qu’une scène Street Art Phnom Penh émergeait, on s’est empressés d’aller fouiner les murs de la ville et découvrir les œuvres. En venant au Cambodge, on ne pensait pas y voir du Street Art.
Pourtant, des artistes locaux et internationaux font vivre la scène Street Art de Phnom Penh avec des expos et performances artistiques depuis plusieurs années. Surtout depuis la création du Cambodia Urban Art Festival, ou CUA en 2015, par 2 français installés au Cambodge, Chifumi et Théo Vallier.
Avant de venir à Phnom Penh, on n’aurait pas parié un jus de citron frais – fait maison en Asie, c’est un délice – que la capitale était un berceau de la scène Street Art. De nombreux voyageurs ne doivent pas le savoir non plus, c’est un Anglais à une terrasse de café qui nous a passé le mot. Check d’une carte de la ville et nous voilà partis à vélo à la découverte des œuvres urbaines.
STREET ART PHNOM PENH – Berceau du renouveau cambodgien
Phnom Penh est assez vaste, mais à vélo, tu peux facilement accéder aux quartiers du centre-ville sans t’épuiser. Les ruelles connues pour les œuvres sont au nord, du côté du quartier Boeung Kak et particulièrement la rue 93.
Relativement peu connu des voyageurs, le quartier est pourtant en plein centre-ville. Tu peux aussi y arriver en marchant depuis les bords du Mekong, si la chaleur de la ville ne t’étouffe pas, sinon le bon vieux Tuk-Tuk t’emmènera pour moins de 2 $.
Demande la Boeung Kak et quand tu verras la grande Mosquée, tu ne seras pas loin. Le quartier est plutôt underground vue comme ça, des immeubles à moitié détruits, des minuscules ruelles.
L’histoire derrière cette zone est d’ailleurs une caractéristique de Phnom Penh, parmi tant d’autres de ce pays connu pour son passé si noir malheureusement…
STREET ART PHNOM PENH – De quartier de voyageurs à squat de drogués puis foyer d’artistes internationaux
Dans les années 90, 2000, c’était THE spot pour les voyageurs européens de passage. Hippie, artistique et plutôt chaud la nuit, puis avec le boom économique, c’est devenu rempli de restaurants, d’hôtels et de bars, enrichi et modernisé.
Tout en étant encerclé d’habitations précaires, par des habitants vivants grâce au lac, de pêches et de récolte d’algues.
Puis tout change en 2010, des promoteurs immobiliers remplissent le lac avec l’objectif d’avoir du terrain pour construire des logements de luxe, mais le projet d’assèchement du lac a eu plusieurs conséquences.
La plus négative a été pour la population et surtout ceux qui ont été délogés et évacués, mais aussi à l’économie locale qui a dû fermé à cause de la baisse de fréquentation de la zone.
Pendant plusieurs années, il y a eu protestations, arrestations, et même des expulsions forcées. Le pire, c’est que les logements de luxe n’ont jamais vu le jour, à la place la rue 93 est devenue réputée pour la pauvreté, la drogue et la criminalité, avec un grand terrain en friche, bien loin du luxe voulu…
La belle histoire, c’est que depuis quelques années, plusieurs initiatives ont permis au quartier de revivre. Des commerçants sont aussi revenus s’y installer et un couple a invité des international artists à peindre sur les murs et à organiser des ateliers pour les enfants du quartier.
Depuis août 2014, 2 Françaises, Marj Arnaud et Ludi Labille, ont ouvert un bistro français galerie d’art appelé « Simone », dans la Street 93, Simone s bistro. Leur volonté est d’ouvrir le quartier aux artistes étrangers pour promouvoir la culture et le Street Art de Phnom Penh.
En 1 an, leur volonté a permis de faire éclore des tonnes d’œuvres et faire venir des street artists du monde entier. Du coup, le quartier s’est amélioré et c’est devenu bien plus arty que drogué, tout le monde y a gagné, sauf les promoteurs immobiliers.
STREET ART PHNOM PENH – Le Cambodia Urban Art
En plus de la détermination des 2 Françaises qui fonctionne bien, un festival a lieu chaque année depuis 2015 en l’honneur du Street Art de Phnom Penh : le Cambodian Urban Art. Chaque année en décembre, c’est un festival de couleurs, de créativité et de talents qui bourdonne en ville pendant 4 jours et fédère la ville autour du street art.
Le but est de mettre en lumière les jeunes talents de la capitale et insuffler cette créativité aux nouvelles générations. Du coup, il y a des artistes khmers, mais aussi des étrangers, histoire de faire collaborer chacun et leur permettre d’apprendre des autres.
Des artistes d’Asie, d’Europe et de France, pour des collaborations riches de diverses cultures, mélanges et influences.
Au programme du CUA de 2018, c’était œuvres collaboratives, live painting et tour de tuk-tuk le dernier jour. Tout ce qu’il faut pour s’imprégner de la culture, avec des explications sur la culture khmer et des ateliers de dessin pour enfants et adultes.
L’édition 2018 du CUA a permis de recenser les œuvres sur une application mobile pour faire découvrir les spots graffés par les artistes sous forme de carte de fiches explicatives sur chaque artiste et son œuvre, avec une location de vélo pendant la semaine du festival.
Une très bonne idée pour faire parler du Street Art de Phnom Penh, un projet qui fait penser à celui de Tour Paris 13 avec le musée virtuel créé après la démolition de la tour, permettant à chacun de voir ou revoir certaines oeuvres « sauvées » de la démolition, prolonger leur existence sur le site web du projet.
Malheureusement, le festival a lieu en décembre et on était à Phnom Penh en juillet, on n’a donc pas pu assister à cet évènement, mais si tu visites Phnom Penh d’autres mois de l’année, tu trouveras toujours de nombreuses œuvres dans les rues et surement encore celles présentées ici.
Le niveau artistique est très bon, beaucoup de messages de revendications sociales sont passés à travers ces dessins. Après ces années de guerre et d’habitants mis au banc de la société, ignorés du gouvernement, la parole est passée par le pinceau et la bombe de graff.
Cette visite du street art de Phnom Penh t’a plu ? Si tu as découvert d’autres coins Arty de Phnom Penh pendant ton voyage, on t’invite à nous les envoyer, on les ajoutera à l’article.
Retrouve d’autres villes du monde sous l’angle du street art sur notre rubrique dédiée sur le blog.
Bon voyage
A&L